Aux rives de l’oubli
Aux rives de l’oubli j’allais, traînant mes chaînes,
Sur des pavés noircis par les brumes anciennes.
Et là, dans cette ivresse au semblant de pouvoir,
Je goûtais le poison : l’éthylique nectar.
Sans doute avez-vous vu ce pilier de comptoir
Au regard vaporeux, tenant tel un ciboire
Son contenant poisseux des longues traversées,
Entre le zinc mouillé et ses lèvres gercées.
Errance alcoolisée, tu as gorgé mes veines
De ces fausses audaces et tentatives vaines.
Chaque levée de coude augmente les déboires.
Aux rives de l’oubli je vais, traînant mes chaînes
Sur des pavés noircis aux brumes qui reviennent.
Je replonge en silence et recommence à boire.