Avertissements
Ce texte s'adresse à un lectorat averti. Il contient des thèmes et des scènes qui peuvent heurter la sensibilité voire engendrer un certain malaise.
Le complexe : prologue
Premier Contact
La gifle de son souvenir lui lacéra l’esprit, telle une lame acérée. Elle pulsait encore, comme un pouls sur sa joue endolorie par ce nouveau coup qu’il n’avait pas vu venir. Une façon de lui dire « je suis là. Je serai toujours là. Je vis en toi ». Il se revoyait alors cinq ans plus tôt à la table familiale pendant le repas du mercredi : des raviolis, libérés d’une boîte de conserve échappée du rayon discount, trônaient devant lui, insipides. Un contraste avec les rires merveilleux de sa petite sœur qui résonnaient dans l’air avant que Macron, tout juste descendu de son jet ski, ne vienne annoncer la fin de l’abondance. L’instant suivant, son père avait frappé sur la table avec une telle force qu’il avait transformé les rires en pleurs. Dans ce silence pesant, Macron débitait toujours ses mesures restrictives pour les plus modestes, tandis qu’eux-mêmes mastiquaient les derniers euros du mois sacrifiés sur l’autel de l’alimentation. Puis, sans prévenir, la main du patriarche s’était levée pour s’abattre violemment sur sa joue. C’est à peine s’il avait entendu l’écho lointain et menaçant du « ferme ta gueule quand tu manges » qui avait accompagné le geste. Sa mère avait failli intervenir, mais les yeux furibonds du père l’avaient réduite au silence. Ce jour-là, un contrat illimité fut scellé dans la douleur brûlante de la gifle : mâcher la bouche fermée ou subir la torgnole antibruit masticatoire.
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