Chapitre 11 : Une faim de contes de fées !
Mercredi 16 septembre :
Virgil a débarqué hier soir chez moi, sans crier gare. Il était tout piteux… Il a commencé par s’excuser de ses silences. Il n’osait pas rentrer.
Je me sentais tellement fébrile devant lui.
On s’est assis dehors.
Et puis tout est sorti d’un coup…
Comme un barrage qui lâche enfin sous la pression et l’eau coule, coule, coule… forte, limpide, sans pouvoir s’arrêter…

Il m’a dit qu’il regrettait de s’être comporté ainsi avec moi, que j’avais raison, qu’il était malheureux, dans son corps dans sa tête, et depuis tellement longtemps…
Qu’il lui avait fallu du temps, qu’il avait eu une révélation lorsque j’avais pris de ses nouvelles pour son dos...
Que son couple était un naufrage et que les seuls moments de lumière étaient ceux qu’il passait avec moi.
Qu’ils les avaient fuis pour s’en défaire car sa culpabilité ne le laissait jamais tranquille, que casser le schéma de couple lui était insupportable du fait de son histoire familiale et de l’image que cela renverrait de lui.
Qu’il avait tout bloqué jusqu’à en avoir mal dans tout son corps…
Il m’a dit qu’il comprendrait que ce soit trop tard mais qu’il n’avait pas pu bouger avant, tellement il était englué, tellement il avait peur de briser quelque chose.
Il était merveilleusement beau et émouvant sous ce tilleul…
Le soleil à peine couché mettait de la lumière dans ses cheveux.
Je ne savais pas quoi dire, moi qui ait toujours un mot. Je me suis rendu compte que je pleurais.
Éclair de lucidité, mon rimmel coulait ! Mes yeux gonflaient ! Mon nez rouge ! Je devais être affreuse et je devais répondre !
Mais rien ne sortait. J’étais figée…
Il a essuyé mes larmes. Il m’a demandé pardon.
Il m’a dit que c’était fini le temps des attentes et des non-dits.
L’émotion bloquait ma gorge…
Il a pris mes mains dans les siennes.
Il m’a dit :
« Ne pleure pas Caly, c’est un beau moment, je te dis que je t’aime ».

Complètement perdue, comme dans un rêve, je comprenais à peine ses paroles.
Il était là ? Vraiment là ?
« Est ce que je peux t’embrasser ? »
Il n’a pas vraiment attendu ma réponse. Il l’a fait et il a eu raison…
Autant je ne pouvais pas ouvrir la bouche pour laisser sortir un mot, mais j’ai pu le faire pour laisser entrer sa langue…
Divin moment… La caresse absolue… Le goût de mes larmes sur sa bouche ou étaient-ce les siennes ?
Enlacés, corps en feu dans la nuit tombante…
Quelques habits chutent dans un bruit mat sur le tapis de feuilles…
Table de fortune pour nous unir maladroitement à tout prix…
Sceller la promesse des mots par l’union physique…
Puis se relever, des étoiles plein les yeux… et enfin monter ensemble se coucher dans un vrai lit où, quelques heures plus tard, nous avons pu recommencer lentement à faire l’amour…
Au petit matin, il était là encore là, me serrant contre lui dans un demi sommeil… Cette odeur à nulle autre pareil, son corps chaud contre le mien prêt à s’emboiter à nouveau…
L’amour ou un café ? Les deux mon capitaine !!

Pfffff mais non… Je déconne !
On y croirait presque n’est-ce pas, tellement ça sonne juste mon histoire qui se termine bien !
En fait non, je n’ai aucune nouvelle. Quelques informations extérieures me disant qu’il est en arrêt, je suppute donc qu’il ne va pas très bien. J’ai pris des nouvelles l’air de rien mais je n’ai pas eu de réponse…
Ahhh Virgil !!!!
Elle est où ma fin heureuse comme dans les contes de fées ?
Hier c’était le drame, aujourd’hui je peux rire de moi et le mettre en scène…
C’est toujours ça de pris !
Prions ensemble mes frères et mes sœurs… Au moment d’offrir ce sacrifice…
Allez Caly ! Demain tu arrêtes !