Chapitre 4 : La bouchée parfaite.

Mardi 8 septembre :

 J’ai rêvé de lui cette nuit. Alors quand les rêves s’y mettent et qu’ils sont criants, ça attaque mes belles résolutions. 

Je n’avais pas regardé sa connexion depuis hier et le fameux 13h17 mais là, ce matin, dans un café baigné de larmes, j’ai craqué ! 

Et pan : 17h14 juste avant sa débauche ! On est vraiment dans les heures de bureau ! 

Pourquoi je regarde ? Je le sais, tout ça, mais c’est comme avoir un peu des nouvelles de lui. 

Je le sais qu’il ne veut pas m’emmener dans sa maison, dans leur lit, dans leur vie… 

Comme si on pouvait cloisonner… Je n'ai jamais réussi moi. 

C’est comme manger, j’aime tout mélanger.

J’aime les sandwiches huit ingrédients, la complète jambon et la pizza reine supplément œuf et crème… Bah oui ! 

 What else !

 La bouchée parfaite comme disait un ami mort, du croquant, du fondant, de la mâche, du goût, du piquant, du doux, du dur…

 Je ne sais pas si la comparaison est valable, mais je m'en fiche.

Je comprends Virgil de ne pouvoir, vouloir, tout mélanger ; je n’ai jamais vraiment réussit non plus finalement, mais disons que chez lui, cela me semble tellement caricatural que ça me heurte. 

​Décider qu’on range nos émotions dans les placards adéquats (comme Sheila, c’est la blague préférée d’un ami vivant) et qu’on ne les ressort que dans le temps et l’espace voulu, cela me renvoie qu’elles ne sont pas réelles.

 

Mais peut-être que ce sont les miennes qui sont surjouées ? Pourquoi faudrait-il pleurer, souffrir ou déborder de liesse pour que ce soit réel ?

​Cela donne-t-il plus de valeur aux sentiments, qu’ils soient exacerbés comme les miens ?

​Peut-être que justement chaque chose à sa place, et comme on ne sort les assiettes du dimanche, que le dimanche, alors on ne sort les sentiments adaptés qu’au moment choisi et avec la personne qui va avec.

On pleure chez son banquier. On rumine chez le psy. On se plaint chez le médecin. On sourit avec les amis. On jouit avec son amant ou son mari ou les deux, c’est selon.

​Moi, je n’ai pas d’assiette du dimanche.

 Ce matin, en plus d’avoir rêvé de lui, il s’avère que je reçois une notification parlant de ses activités extra-professionnelles, et où, bien sûr, on le voit en photo, exactement la même expression de visage que cette nuit. 

Alors, je veux bien faire le boulot, essayer de me retenir, mais quand même ça pique.

A cet endroit de l'histoire, nous pouvons noter que la vie est bien taquine.

Croyez-vous qu’il enverrait un message… Ooooh non ! 

Je devrais être habituée depuis le temps mais rien n’y fait, c’est une perte et une blessure à chaque fois.

Un jour viendra, je n’aurai plus le mal de lui.

Il ne sera plus le mâle de moi.

Et comme disait Johnny ou Goldman, à travers lui, « j’aimais cette blessure, c’était toi encore ». 

Citer du Johnny, c’est totalement décalé, j’adore ! Virgil détesterait ! Il est bien au-dessus de Johnny !

Je me sens toujours inférieure à lui, question littérature et musique alors que c’est tellement bon de citer du Johnny en ricanant ! Qui plus est aujourd’hui en cachette et en conscience !

Arfff, les petits plaisirs de la vie !

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