Chapitre 7 : "Je te quitte ou je te tue.."
Dimanche 13 septembre :
Kamel Daoud a dit :
« Si vous désespérez à 20 ans, vous allez vous ennuyer pendant 60 ans. Donc il faut espérer à 20 ans et désespérer à 85… parce qu’on n’y perd rien à désespérer à 85 ans…».
Oui mais au milieu on fait quoi ?
J’ai quel âge moi déjà ?
Je n’ai pas de gosse...
J’aimerais bien en avoir, je crois ?
Ne me dites pas que c’est trop tard ; sinon je chiale, rien qu'à l'idée qu'on me ferme la porte des possibles.
J'ai déjà eu plusieurs histoires de couple pourtant...
Mais, à chaque fois, j’ose à peine en parler.
Va comprendre !
Ah oui ; je suis en couple aussi… aurais-je oublié de le nommer ?
Mon histoire avec Charles vacille, se meurt, renaît, cherche un second souffle ou serait-ce un troisième ?
C’est dur d’aimer et d’être amoureux en même temps ?
C’est possible vous croyez ?
Et moi, j’ai peur... peur de recommencer ailleurs.
Recommencer pour sûrement revivre la même chose dans 5/6 ans ?
Alors pourquoi recommencer ?
Mon amant deviendrait mon compagnon et ce serait reparti pour un quotidien sympathique mais sans piment ?
Aimer... être amoureux...
Être excité par l’autre encore...
L’autre qu’on voit tous les jours...
L’autre qu’on aime mais qui ne nous transporte plus comme avant.
Quand juste Virgil et moi n’avons qu’à nous regarder pour nous jeter l’un sur l’autre et nous dévorer.
Comme avec les autres, et oui... comme avec les autres, Virgil est un autre...
Quelques échanges de messages, un peu de sensualité, quelques photos… et c’est le déluge émotionnel.
Alors oui, dans le couple, autre chose se développe, oui autre chose, plus serein mais moins excitant.
Suis-je encore trop jeune pour ça ?
Ça s’arrête quand ?
La nouveauté, l’herbe plus verte du pré d’à côté...
Le changement d’herbage qui excite les veaux ... (comme disait un ancien compagnon vivant)
Suis-je trop vieille pour ces conneries ?
Est-ce possible de tout avoir ?
« En Amour, que demander de moins que tout ? »
J’ai cherché le piment ailleurs.
C’est moche ?
Ou je suis juste « une être humaine merde » !
Je ne veux plus me mentir, parce que finalement je ne suis pas capable.
Faire l’amour avec Virgil m’ôte tout désir sexuel de mon compagnon.
Un jour, il y a longtemps, où j’avais encore envie et pas lui, Charles m’a dit en rigolant « Prends un amant, Caly »…
Alors, forcément, à force d’avoir envie sans l’autre, à force de louper « une vache dans un couloir », le bateau coule.
Mon couple m’oppresse et je le mets à distance.
C’est injuste, ou pas ?
Je ne suis que co-responsable de l’état de mon couple.
Je ne me dédouane pas, je suis co-responsable.
Mais si Virgil quittait tout ?
Cette passion survivrait-elle ?
Aurais-je de nouveau envie d’un couple ?
A ne pas vouloir m’essayer, il a créé un idéal, une fiction.
J’aime tellement les sensations entre nous.
Cette intimité bizarre, imprévue...
Ce lyrisme d’écolier...
Cette tendre guerre...
Cette sensualité qui jaillit...
Cette flamme, parfois incontrôlable, qui bouscule les corps à distance juste par le pouvoir des mots…
Je l’ai perdu 1000 fois et 1000 fois, je l’ai retrouvé.
Que sera la 1001ème ?
Je n’ose jamais vraiment y croire parce que j’ai peur de me tromper moi-même.
Mais cette sensation excitante d’inconnu est créatrice autant qu’elle donne la frousse.
Alors que faire ?
Comme disait Caroline Cellier à Bernard Tapie dans "Hommes femmes, Mode d'emploi", « Je te quitte ou je te tue… », ce bon vieux Lelouch...
Luce
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