Chapitre 9: Blase femme

Dimanche 13 septembre fin d’après-midi :

Et bien, je ne l’ai ni quitté, ni tué. Remarque pour le quitter, encore aurait il fallut que l'on soit "ensemble" !

J’ai trouvé une vidéo parlant de Camus et de la mer et comme il aime les deux, je la lui ai envoyée. 

Maintenant je pleure en me disant qu’une fois de plus je craque, que le fait de craquer me remet dans cette attente insupportable et dans cette quête interminable.

Je tente une petite méditation pour virer mon petit ange et mon petit démon qui se battent dans ma tête. 

Quel est le sens de continuer ? D’encore aller te faire mal ? Il a coupé son tel.

Maintenant tu vas surveiller les deux maudites encoches bleues, et quand elles apparaîtront, enfin, tu seras provisoirement soulagée. 

Et s’il ne répond pas, l’angoisse va remonter.

Pardonne-toi, Caly. Tu n’es pas prête.

Chaque jour tu te forces et tu finis par craquer.

Laisse-toi tranquille ! 

La rédemption serait-ce de faire semblant chaque jour, jusqu'à ce que ça arrive ?

Si je suis juste moi, si c’est du fond de mon cœur, que je veux juste partager, garder le lien, par amour, par tendresse, alors je devrais accepter que peu importe qu’il réponde ou pas ; que moi, je suis moi, juste à ma place et que le reste lui appartient.

Mais si être Moi sans lui me fait mal ? Est-ce vraiment Moi ? 

Et si être Moi me fait mal, pourquoi continuer ? 

Caly croit aux miracles, à la pensée positive. 

Elle se trouve gentille, belle et drôle.

-       « Tu es sûre ? » dit le petit démon dans sa tête. 

-       « Tais-toi ! Toi ! » 

Elle voudrait bien que tout le monde le voie et surtout que Virgil ait La Révélation…

Seulement ça commence à faire long deux ans et demie, et elle a tout essayé Caly, et Virgil n’a toujours pas eu de révélation, et Caly trouve toujours des excuses pour essayer encore.

 

Il ne sait pas que je suis cultivée. Il ne sait pas ce que c’est que dormir avec moi. Je pourrais le réveiller la nuit, moi, pour lui faire l’amour. 

Il est du milieu de nuit ou du matin Virgil ; il me l’a dit un jour de grande liesse.

Il ne sait pas que j’écris, que je fais à manger. 

Il ne sait pas que je suis jolie quand je peigne mes cheveux mouillés à la sortie de la douche, et que je ne les laisse jamais traîner dans le fond de la baignoire.

-       « Et bien, chère Caly, » dit le petit démon « visiblement il ne veut pas le savoir. Plus vite vous vous y ferez, plus vite ça passera. Vous perdez votre temps ». 

« Il n’y a pas de temps perdu, il n’y a que du temps vécu… ».

Qui a dit ça ?

Qu’est-ce que je fous avec ce mec ?

Hummmm… 

Je mets un peu de piment dans ma vie de ménagère de moins de 50 ans ?

Je m’encanaille dans les bois, à l’arrière des bagnoles, je me cache et c’est ça qui m’excite ?

Je m’ennuie si vite.

Ce n’est la faute de personne.

Peut-être que je jette mes dernières cartouches avant la décrépitude...

Les humains ont tellement peur de ça. 

Les femmes encore plus, je crois, alors que ça baise dans tous les coins dans les maisons de retraite...

J’aime bien sa voix, j’aime bien cette gentillesse rare et imprévisible.

J’aime bien nos mots et notre façon de les assembler quand nous sommes connectés.

J’aime bien nos rêves et nos voyages.

Je dois avoir un côté romantico salope.

C’est ça qui matche entre nous je crois.

Il n’est pas dupe, souvent blasé, tenté mais pas convaincu.

Il est craintif et peureux...

Il ne croit plus en l’homme, ni en l’amour, et sûrement encore moins en la femme, mais il lui reste un côté Saint Thomas, « j’y croirais quand je mettrais les doigts dans les trous... 

Ah pardon... mon côté routier... détourner la religion quel pied quand même...

Le con fessionnal par exemple, roohhh là là ... 

 

Avec Virgil tout ça, je peux, quand il est ouvert, et c’est tellement bon.

Il capte tout, ou presque, je crois.

Je peux faire de la poésie hasardeuse, je peux faire du sexe, je peux écrire des saloperies ou des drôleries.

Il tient son cap fermement et parfois une petite honnêteté désarmante quand je ne m’y attends pas. Une douceur de phrase ou un geste tendre inattendu c’est charmant ça.

Cette part féminine en lui qui jaillit, c’est tellement joli au milieu de toutes ses barrières.

Ah oui j’avais oublié, il accorde le participe passé avec le C.O.D. quand celui-ci est placé avant le verbe avoir, et ça, c’est craquant chez un homme !

« Tu m’émeus, je sais, c’est pas joli comme mot... » Quiz ?

Alors mieux vaut une belle illusion ou une réalité complexe, parfois sombre ou triste ?

Faudrait-il prendre le risque ?

Mais j’aime bien cette histoire, et l’illusion que j’ai de lui.

Quand il est vraiment là, il flatte mon ego surdimensionné de femme qui se veut libre, alors qu’elle est prise dans le même carcan que toutes les autres.

Parce que dans la triangulaire actuelle, un schéma mari / amant / maîtresse classique, pure et simpliste... aux yeux de la société ...

Qui est le héros ? Qui est la salope ?

Allez Virgil, viens, on inverse…

« Ah les filles, ah les filles... Elles te rendent marteau ? » 

Moi aussi et une en particulier… 

La pire de toute, ma meilleure ennemie… 

MOI !

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